Pour Julie Bourgeois, Head of Legal and Compliance de 6M, le Grand-Duché peut devenir une destination de choix pour le lancement de fonds actifs crypto, VC et de produits financiers liés au Web3, en raison de son infrastructure financière complète.
Le 13 mars dernier, 6 Monks (6M) recevait l’agrément d’« AIFM autorisé » (« authorized AIFM ») de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF).
Avec ce feu vert du régulateur luxembourgeois, le gestionnaire de fonds d’investissement alternatif (GFIA) peut désormais offrir des services de gestion de portefeuille et d’administration de fonds d’investissement crypto pour les fonds qu’il gère.
Ses solutions s’adressent donc à des fonds de tiers souhaitant mettre en œuvre des stratégies d’investissement dans des projets de private-equity, Web3 et crypto-actifs, via des véhicules d’investissements régulés bénéficiant du passeport européen.
Fondé en 2021 par l’entrepreneur suisse Gian Bochsler, l’opérateur luxembourgeois avait reçu en septembre de cette même année la licence « registered AIFM » auprès de la CSSF qui lui permettait de gérer ses fonds maisons détenant des actifs cryptos avec une orientation venture capital.
Dans un communiqué de presse du 9 avril 2024 dernier, la société de sept personnes positionnait ainsi 6M comme un acteur important, et le premier AIFM de tiers au Luxembourg, dans la connexion des pratiques financières traditionnelles avec l’écosystème émergent du Web3 et le marché des crypto-actifs.
Pour Julie Bourgeois, Head of Legal and Compliance du GFIA, le Luxembourg peut jouer un rôle important en tant que destination pour le lancement de fonds crypto, en raison de son infrastructure financière complète.
« Le potentiel du marché crypto, c’est 500 milliards d’euros d’actifs au niveau mondial ! »
Julie Bourgeois, pourquoi avoir requis l’agrément d’« AIFM autorisé » ?
Nous avons constaté qu’il n’existait aucun acteur institutionnel avec ce statut au Luxembourg capable de gérer des fonds crypto.
Il existe toutefois des fonds crypto gérés par des « AIFM enregistrés » ; mais ceux-ci font face à des contraintes, comme les seuils de montant des actifs sous gestion bloqués à 100 voire 500 millions d’euros, conformément à la directive AIFM. Leur capacité de distribution de fonds et de parts de fonds est également limitée.
Tandis qu’en tant qu’« AIFM autorisé », nous bénéficions du passeport européen, et nous pouvons donc distribuer nos fonds de manière générale et à grande échelle en Europe, en accord avec l’autorité de régulation du pays de distribution.
Concrètement, de quels types de fonds s’agit-il ?
L’agrément nous autorise à gérer des fonds d’investissement alternatifs crypto, qui investissent directement ou indirectement dans des actifs crypto, dans des actifs virtuels – des tokens tels que le Bitcoin, l’Ethereum ou dans des tokens beaucoup moins liquides ou des tokens « early-stage » émis lors d’initial coin offerings – ainsi que dans des sociétés qui évoluent et qui sont actives dans le monde de la crypto et du web.3.
Quel est donc le modèle d’affaires de 6 Monks ?
Notre focus est de gérer des fonds crypto pour des promoteurs de fonds tiers, qui souhaiteraient mettre en place des fonds d’investissement alternatifs ayant pour objectif d’investir directement ou indirectement dans des actifs crypto.
Notre objectif est de servir des investisseurs institutionnels, comme les plans de pension, les grandes maisons d’asset management, les family offices qui cherchent une exposition directe ou indirecte à la crypto, avec une sécurité dans la gestion de leurs investissements et de leurs expositions.
En d’autres termes, nous nous positionnons comme un intermédiaire entre des investisseurs traditionnels, qui cherchent des débouchés de placements, et des acteurs crypto qui ont pour objectif d’investir dans des actifs crypto, de venture capital ou d’autres produits financiers liés au Web3, et qui souhaitent lever des fonds de manière plus extensive sur le marché européen.
Plus largement, nous voulons institutionnaliser cette nouvelle classe d’actifs crypto émergente, et la positionner à un rang équivalent à celui du private equity ou de l’immobilier, tels qu’on peut les connaître au Luxembourg. Et faire du pays une place financière de premier ordre sur ce segment.
Aujourd’hui, le marché européen des AIFM, toutes stratégies d’investissement confondues, se monte à 10.000 milliards d’euros, en termes d’opportunités de marché.
Le potentiel du marché crypto, c’est 500 milliards d’euros d’actifs au niveau mondial ! Il existe donc une opportunité de marché pour les investisseurs institutionnels qui ne se sont pas encore lancés dans les fonds crypto.
En quoi selon vous le Web3 constitue-t-il un argument différenciateur ?
Il nous permet en tant qu’AIFM d’offrir à des investisseurs traditionnels la possibilité d’investir dans ces domaines crypto et de venture capital et d’attirer d’autres clients.
Toujours selon l’objectif de proposer une passerelle entre les acteurs traditionnels et les acteurs crypto et Web3, qui en général ne se connaissent pas.