Cheffe d’entreprise à la tête de Um plateau, Cocottes, la Baraque et co, fondatrice du food court G.A.N.G, Stéphanie Jauquet incarne une « success story » inspirante, qui redéfinit le paysage du secteur de la gastronomie au Luxembourg.
Il y a tout juste un an, G.A.N.G – acronyme de Générosité, Amour, Nourriture et Goût – ouvrait ses portes à la Belle Etoile. Co-fondé par Stéphanie Jauquet et Salvatore Barberio, ce « foodhall » de 2000 m2 abrite plusieurs enseignes ; trois d’entre elles sont dirigées par Stéphanie Jauquet : le Specto, le bar Um Plateau et… le Gang : « J’apportais mon savoir-faire », commente-t-elle à propos de ce lancement. « Nous sommes aujourd’hui tous les deux satisfaits de cette première année. Les chiffres sont là, cela fonctionne bien. D’ici la fin 2024, nous aurons atteint notre seuil de rentabilité. Nous visons à terme, un chiffre d’affaires annuel de 10 millions d’euros. Ce succès est lié en partie à la facilité d’accès et à la variété de l’offre culinaire dans l’espace G.A.N.G. Sur l’ensemble de mes enseignes, le chiffre d’affaires est de 30 millions d’euros par an », poursuit-elle.
Stéphanie Jauquet écrit ainsi une histoire de la gastronomie au Luxembourg, en peaufinant avec prudence sa stratégie de développement. À la tête d’un groupe prospère, l’entrepreneuse de talent, à l’approche novatrice, a construit sa carrière de manière atypique. En cherchant dans son passé ce qui lui a permis de connaître cette ascension fulgurante, elle s’est accrochée à son rêve : celui d’ouvrir son propre restaurant.
« Pendant 5 ans, j’ai travaillé pour le rachat des parts. Je ne me suis pas octroyé de salaire. »
Du restaurant classique à l’offre traiteur
Diplômée en gestion hôtelière, après trois ans d’études en sciences commerciales et un bachelor, son histoire a débuté à la Fourchette à Droite, un restaurant du centre-ville de Luxembourg. Quelques années plus tard, avec deux associés, elle ouvre le Um Plateau, un restaurant à la carte classique avec des plats traditionnels de la gastronomie française. L’authenticité est déjà son maître-mot et l’ardeur au travail, sa force. « Dans ces métiers, être une femme n’est pas simple, mais j’ai tenu bon. » En 2008, au démarrage, c’est une période compliquée pour le Um Plateau, mais Stéphanie Jauquet n’a pas lâché : « trois mois après l’ouverture, je me suis retrouvée seule, alors que nous étions trois associés. Pendant 5 ans, j’ai travaillé pour le rachat des parts. Je ne me suis pas octroyé de salaire ou le minimum syndical. Et j’ai aussi remboursé tous ceux qui m’avaient prêté de l’argent. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de 3 millions est constant, il s’est multiplié une fois et demie. C’est un établissement qui tourne bien, qui est stable, une adresse réputée pour un dîner en ville, même si l’on ne peut pas faire plus de 80 couverts et que le restaurant fonctionne moins bien le midi ». Avec le Um Plateau, la jeune femme a réussi à se faire une place dans le milieu très compétitif de la gastronomie à Luxembourg.
Cocottes, le fer de lance
Elle est aussi heureuse d’annoncer le lancement de deux nouveaux magasins Cocottes. Après Rédange et Roodt-sur-Syre, Esch-Lallange et Kirchberg ouvriront leurs portes en octobre et en juin 2025. Cocottes s’est imposé comme une marque dynamique avec 5.000 à 6.000 visiteurs par jour. « En l’espace de dix ans, le chiffre d’affaires a été multiplié par 20 et est en moyenne de 25 millions d’euros pour les 16 magasins. Le premier Cocottes a été lancé avec 30 personnes. Aujourd’hui, rien que pour cette enseigne, nous avons 260 employés ». Convaincue au moment de l’ouverture du premier Cocottes qu’elle a un rôle à jouer dans le secteur du « prêt-à-manger », et comptant sur l’expansion de cette tendance, Stéphanie Jauquet a fait de Cocottes, une référence en la matière. Les « snacks » répondent aujourd’hui à des habitudes alimentaires qui ont changé avec ses solutions rapides et pratiques pour se nourrir. L’excellence des produits des recettes Cocottes, qui sont entièrement cuisinées à Luxembourg a garanti rapidement le succès de l’enseigne. Quand on l’interroge sur ces autres entreprises : « La Baraque – inspirée des friteries belges –, c’est un coup de cœur mais je n’ai pas d’autres projets de développement pour le moment, il y a encore beaucoup à faire pour le G.A.N.G et de nouvelles ouvertures de Cocottes ». Stéphanie Jauquet s’ouvre sur les difficultés de recruter du personnel dans son secteur et tout nouveau restaurant est un défi de taille. Celui de la loi sur les emballages en est un autre : « Il faut réfléchir à des solutions pour s’adapter à cette grande transition. Pour ce qui est du recyclage des déchets, nous avons un immense local qui nous permet de recycler les déchets organiques notamment. »
« J’aime toujours faire plaisir aux gens à travers des découvertes culinaires. »
À 52 ans, « j’aime toujours faire plaisir aux gens à travers des découvertes culinaires ». C’est au fil des dimanches passés avec sa grand-mère paternelle qu’est née cette passion, son goût du partage des bonnes recettes et son plat fétiche « le bon poulet, arrosé au beurre fermier, et ses frites. » Elle aime voyager et a la faculté de se couper de tout quand elle prend des vacances : « Je me mets en mode off ». Un temps d’isolement qui n’est possible que parce que la transmission est son cheval de bataille, Stéphanie Jauquet délègue la gestion des entreprises à tous ses collaborateurs. Un jour prochain, elle ouvrira sans doute une maison d’hôtes, non loin de celle acquise à 25 km de Gesves dans la région de Dinant. Celle qui aurait pu être fleuriste ou architecte n’a pas fini de nous étonner en véritable et inlassable bâtisseuse.
Cet article est paru dans la troisième édition du magazine Forbes Luxembourg. Vous souhaitez en recevoir un exemplaire? C’est par ici!