Pol Miller, 26 ans, est à la tête, avec ses 3 associés, de LëtzeBurger, numéro 1 sur le marché des food trucks au Luxembourg. Aujourd’hui, LëtzeBurger, ce sont près de 700 événements par an, entre 40 et 60 salariés selon les saisons et 8 food trucks. L’entrepreneur retrace avec nous le parcours pour en arriver là ?
Créé en 2018, LëtzeBurger est aujourd’hui un incontournable du monde du food truck. Pol Miller, Félix Clément, Charel Wallenborn et Paul Daubenfeld incarnent cette jeunesse luxembourgeoise qui ose entreprendre en partant de rien et anticipe les besoins de son marché.
Le business, Pol Miller et ses amis sont tombés dedans quand ils étaient petits. Dès 13 ans, ils ont gagné leur argent de poche en proposant leurs services pour divers travaux de voisinage dans leur commune de Bertrange. Plus tard, le food truck placé devant leur lycée donne des idées à ces jeunes entrepreneurs en herbe. A 18 ans, Pol en est désormais certain, il veut « tenter l’aventure, travailler sur un business, quelque chose de vrai, quelque chose qui deviendra grand ». Plein d’enthousiasme, il est persuadé que « cela ne peut pas être si difficile ». Cette mentalité lui a permis d’oser créer une société avec 7 associés et amis d’enfance.
« C’est un people business où il faut avoir de bonnes équipes qui savent vendre nos produits. »
Surmonter les challenges
En 2018, les débuts sont ardus. Les autorisations pour vendre devant les écoles n’ont pas été octroyées, ce qui a forcé l’entreprise à repenser son business modèle et à se lancer dans l’événementiel.
Issue d’une famille d’entrepreneurs, Pol Miller savait à quelle point la compréhension du marché était une priorité.
La clientèle consommatrice de burgers était là mais « le plus gros défi au début a été de convaincre les gens de manger nos burgers. Les deux premières années ont été très difficiles car on ne vendait presque rien », confie Pol Miller à Forbes Luxembourg. Et puis la pandémie est arrivée. Ce qui a fait le malheur des uns a fait le bonheur de LëtzeBurger qui s’est fait un nom. En effet, dans leur commune, à côté de la boulangerie et de la boucherie, ils étaient le seul food truck ouvert. Ayant déjà tissé un lien avec les commerçants et habitants de Bertrange, les jeunes entrepreneurs ont connu un franc succès. « Au-delà des burgers, les gens avaient un besoin presque vital de continuer à sortir de chez eux et se voir les uns les autres. C’est ce qui a contribué à notre réussite ».
Les fournisseurs, les ressources financières et la gestion du personnel ont été autant de défis à surmonter.
« Avec les fournisseurs, au début, c’était très difficile de les convaincre de travailler avec nous d’autant que les quantités n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. A présent nous sommes reconnus et les quantités que nous achetons à nos fournisseurs nous permettent de négocier ».
Concernant l’aspect financier, ils ont pris soin de ne pas débourser immédiatement les premières rentrées en capital afin de le conserver pour des investissements futurs dans d’autres food trucks. Cela a été possible grâce au soutien financier de leur famille, de leurs amis mais aussi grâce à Microlux qui a leur a octroyé un micro-crédit sans lequel ils n’en seraient pas là aujourd’hui. « Les banques nous ont dit non mais eux ont cru en notre projet. C’est grâce à eux que nous sommes ici en 2024 à vous parler de notre succès ».
Concernant la gestion du personnel, cela reste un défi de tous les instants car « c’est un people business où il faut avoir de bonnes équipes qui savent vendre nos produits. Elles doivent aussi adhérer à nos valeurs et respecter les règles en vigueur ». De plus, il est primordial de former le personnel régulièrement.
Structurer l’entreprise
Deux ans après la création de la société, Pol et Felix en détenaient 85%. Les cinq autres associés ayant décidé de vendre presque toutes leurs parts pour prendre d’autres chemins professionnels ou bien continuer leurs études. Pol et Félix sont rapidement partis à la recherche d’autres actionnaires car ils étaient conscients que dans le monde de l’Horesca, il leur fallait des associés qui connaissent le secteur et les aident à faire avancer la société.
Ils ont donc décidé de créer une nouvelle société, Burger Bros, avec deux nouveaux associés et de nouveaux food trucks. Les deux premiers food trucks étant toujours des actifs de la première société.
Quand il regarde en arrière, Pol Miller voit tout le chemin parcouru. « Au début, nous devions tout préparer dans les food trucks et donc aller chercher la marchandise chez nos fournisseurs. Puis nous avons eu un emplacement pour le stock, la cuisine et notre bureau à Saeul. Les fournisseurs nous livraient enfin directement ! Mais cela est devenu trop petit et nous devions aussi avoir un espace de stockage à Leudelange. Trop compliqué. Aujourd’hui nous avons tout rassemblé ici à Howald. C’est un gain de temps considérable et nous sommes beaucoup plus productifs. Nous avons augmenté notre rapidité, la qualité de notre service et celle de notre matériel. »
« C’est un choix de vie mais quand le choix est fait, il faut y aller, oser faire les choses et voir ce qu’il en ressort. »
Croître et se diversifier
Aujourd’hui les chiffres parlent d’eux-mêmes et donnent raison à la stratégie de croissance de Pol et Félix. En 2024, ce sont près de 700 événements sur lesquels ils ont été présents, entre 40 et 60 salariés, de tous âges, selon les saisons et 4 nouveaux food Trucks (dont le School Bus et l’American Truck) viennent grossir les rangs des 4 food trucks déjà présents.
« Nous sommes très satisfaits de notre croissance, du chemin parcouru et nous avons encore plein d’idées pour nous développer encore. Aujourd’hui je suis très fier de la belle équipe que nous avons pu créer. Nos salariés sont vraiment au top et nous voulons continuer comme ça. Mon but est d’avoir une société dans laquelle les gens ont envie d’aller travailler chaque matin et d’en parler autour d’eux. C’est déjà le cas mais nous pouvons toujours nous améliorer », témoigne Pol Miller.
Pour la suite, LëtzeBurger souhaite consolider sa présence sur le territoire luxembourgeois en ayant un autre point de vente fixe notamment à Luxembourg et en particulier à la Cloche d’Or. Les jeunes luxembourgeois sont déjà présents sur la majorité des événements organisés par les communes mais ils aimeraient aussi être présents à la Schueberfouer : « Ce n’est pas facile d’y rentrer mais je suis convaincu que nous y arriverons un jour ».
A l’écoute de son marché, LëtzeBurger va élargir son offre en proposant dans les événements des food trucks de pâtes, de saucisses, de glaces et de cocktails. « Nous avons beaucoup de demandes en ce sens pour le catering des événements. Cela sera ainsi plus simple pour nos clients d’avoir un seul fournisseur pour tous les besoins en restauration ».
« C’est un choix de vie mais quand le choix est fait, il faut y aller, oser faire les choses et voir ce qu’il en ressort. Pour nous, beaucoup de gens nous ont aidé et soutenu dans notre aventure entrepreneuriale. Il y a toujours eu quelqu’un pour nous informer ou nous mettre en relation avec les bonnes personnes. « Qu’est-ce qui se passera si ça ne marche pas ? » est la question la plus courante et à mon sens une mauvaise question. Il faut plutôt se demander, ce qui se passera si ça marche. Les envies et les ambitions sont primordiales pour se mettre en action. Ici au Luxembourg, si cela ne marche pas, nous n’avons pas grand-chose à perdre. Ce ne serait pas un échec mais un apprentissage considérablement utile pour se faire embaucher ou se lancer dans un nouveau projet », conclut Pol Miller, comme un retour d’expérience pour la jeune génération.