Le Dr Bernstein, résident en chirurgie orthopédique à Harvard et chercheur en santé basée sur la valeur à la Harvard Business School, s’emploie à promouvoir le secteur de la santé luxembourgeois à Boston. Il nous en dit plus sur son rôle de conseiller du commerce extérieur, sur la santé basée sur la valeur et sur le besoin d’innovation.
Pouvez-vous nous parler de votre rôle en tant que conseiller du commerce extérieur pour le Luxembourg ?
Je collabore avec des individus et des organisations au Luxembourg et à Boston pour développer des partenariats prometteurs et promouvoir l’innovation collaborative dans les affaires, notamment dans le domaine de la santé. Dans ce domaine, je milite pour des politiques et des pratiques favorisant une approche davantage centrée sur le patient, afin d’améliorer les résultats pour les patients tout en optimisant les dépenses de santé, en m’appuyant sur mon expertise professionnelle et mes expériences personnelles en tant que patient. Par ailleurs, mon expérience dans le secteur des affaires au Grand-Duché remonte à 2014, lorsque j’ai travaillé dans un média bien établi.
« Vivre le système de santé en tant que patient m’a permis de mieux en comprendre les forces et les lacunes, et m’a inspiré à défendre des approches centrées sur le patient. »
Vous avez évoqué vos défis personnels en matière de santé. Comment ces expériences ont-elles influencé votre contribution professionnelle dans le secteur de la santé ?
Malheureusement, j’ai été diagnostiqué d’un cancer l’année dernière. Cela a renforcé ma conviction quant à l’importance de transformer les systèmes de santé pour les rendre plus centrés sur les patients. Vivre le système de santé en tant que patient m’a permis de mieux en comprendre les forces et les lacunes, et m’a inspiré à défendre des approches centrées sur le patient qui mettent l’accent sur les résultats qui comptent vraiment pour eux, tout en favorisant des solutions innovantes pour réduire les coûts nécessaires à l’obtention de ces résultats.
À quoi ressemble une approche basée sur la valeur et comment peut-elle répondre aux défis du secteur de la santé ?
La santé basée sur la valeur consiste à recentrer toutes nos actions autour des patients et à être récompensé pour optimiser leur santé et leur bien-être. Cela nécessite de mesurer les résultats (y compris ceux rapportés par les patients) qui comptent le plus pour eux, ainsi que les coûts associés. Il est essentiel de mieux comprendre ce que nous obtenons pour chaque euro dépensé.
Malgré l’intérêt croissant pour la santé basée sur la valeur à travers le monde, sa mise en œuvre à grande échelle reste difficile en raison de structures profondément ancrées. Aujourd’hui, plus un médecin réalise d’actes, plus il est rémunéré, quel que soit l’impact sur les résultats du patient. Il est donc impératif d’intégrer les principes de la santé basée sur la valeur dans les politiques et pratiques de santé pour garantir une allocation des ressources efficace et efficiente. Bien qu’elle ne soit pas une “solution miracle”, cette stratégie doit guider les décisions en matière de politique de santé aux niveaux national et local. Elle peut également encourager les entrepreneurs à développer des outils novateurs, numériques ou autres, pour accélérer cette transformation et placer les patients au cœur d’un modèle de santé basée sur la valeur.
« Mon séjour au Grand-Duché en tant que boursier Fulbright m’a permis de développer davantage mes compétences d’écoute active, de communication […] »
Vous avez souligné l’importance de l’allocation des ressources et de la recherche. Comment ces éléments peuvent-ils être mis en œuvre pour créer un environnement plus favorable à la santé ?
Il est crucial de reconnaître l’importance des investissements continus dans la recherche en santé, qu’il s’agisse de recherche fondamentale, translationnelle ou en services de santé. Les gouvernements, les institutions et les investisseurs doivent collaborer pour élaborer des cadres qui incitent et soutiennent les initiatives de recherche, afin de développer les derniers médicaments, dispositifs médicaux, modèles de prestation de soins ou outils numériques profitant aux patients.
Cela pourrait inclure la création de mécanismes de financement spécifiquement adaptés à la recherche en santé, l’établissement de partenariats entre institutions académiques et secteur privé, ainsi que la mise en œuvre de politiques alignant financièrement les incitations pour privilégier les résultats des patients et la durabilité à long terme, plutôt que les profits et volumes à court terme.
Au cœur de l’Europe et doté d’une jeune université en plein essor, qui envisage d’élargir son offre en formation médicale, le Grand-Duché est idéalement positionné pour stimuler l’innovation dans le secteur de la santé. Des investissements ciblés, notamment via des programmes d’échanges internationaux, pourraient véritablement propulser le Luxembourg à un niveau supérieur, offrant ainsi un nouvel avantage stratégique au sein de l’Union européenne et dans le monde, tant sur le plan éducatif que commercial.
Comment votre expérience au Luxembourg a-t-elle influencé votre carrière professionnelle ?
Le Luxembourg est un pays remarquablement international, peuplé de personnes authentiquement bienveillantes et intelligentes, désireuses de faire une différence positive dans le monde, avec une grande diversité d’idées pour y parvenir. Mon séjour au Grand-Duché en tant que boursier Fulbright m’a permis de développer davantage mes compétences d’écoute active, de communication et de résolution de problèmes au sein de groupes variés.
