Françoise Beck, 32 ans et Anne Beck, 30 ans sont à la tête de la Maison Molitor depuis l’été 2020. Molitor, c’est le nom de leur grand-père maternel toujours très actif dans l’horlogerie-joaillerie qu’il a créée en 1954 et la cristallerie/Arts de la Table créée dans les années 90.
60 ans séparent les sœurs Beck de leur grand-père et pourtant, la passion est toujours intacte. Le Gëllenen Eck (coin doré) au 4a, rue du Marché-aux-Herbes, à deux pas du Palais Grand-Ducal, est une institution qui a encore de belles années devant elle.
Anne et Françoise Beck sont très fières de perpétuer l’histoire familiale de l’horlogerie-joaillerie Molitor et de conserver ce subtil mélange entre tradition, art et modernité.
« Notre grand-père nous a transmis ces valeurs d’authenticité afin de construire une véritable relation de confiance avec nos clients. »
Quel a été votre cheminement pour en arriver à reprendre l’affaire familiale ?
Françoise Beck : Depuis notre plus jeune âge, nous nous sommes impliquées dans la bijouterie familiale et nos idées ont toujours été les bienvenues. Nous avons participé à l’organisation de nombreux événements pendant les périodes de Pâques ou Noël, ce qui a renforcé notre attachement. J’ai suivi des études de droit, mais la passion de notre grand-père m’a fortement inspirée. Tout cela s’est fait naturellement et progressivement. Au début, nous alimentions les réseaux sociaux et maintenant nous sommes à la tête de l’entreprise.
Anne Beck : En effet, notre grand-père nous a transmis l’amour des belles pièces d’exception, le savoir-faire fondé sur l’excellence, la passion et l’écoute. Après mes études de management, j’avais à cœur de poursuivre, aux côtés de ma sœur, ce que notre grand-père avait construit. Reprendre les rênes était un vrai challenge pour nous, mais nous avons toujours été soutenues par notre famille.
Quel est le positionnement de la Maison Molitor aujourd’hui au Luxembourg ?
F.B. À l’instar du pays, notre maison offre un mélange de tradition, de modernité et de luxe. Notre collaboration pérenne avec des marques prestigieuses, la diversité de notre gamme ainsi que notre savoir-faire en joaillerie/horlogerie attirent une clientèle cosmopolite, exigeante et fait rayonner notre expertise au-delà des frontières. Des amateurs et collectionneurs de magnifiques montres viennent également de l’étranger. Notre grand-père nous a transmis ces valeurs d’authenticité afin de construire une véritable relation de confiance avec nos clients. Le bouche-à-oreille fait le reste.
A.B. Cela fait maintenant 70 ans que notre bijouterie existe à cette adresse prestigieuse. Notre longévité et la fidélité de notre clientèle font de nous une référence incontournable dans le secteur au Luxembourg. Quant à notre second espace, dédié aux Arts de la Table et à la Cristallerie, il jouxte notre bijouterie depuis 2019. Sa configuration intérieure nous a permis de casser les codes en mettant en scène les objets comme dans une exposition, les rendant ainsi plus accessibles et plus adaptés au quotidien. De plus, nos collaborations avec de jeunes artistes luxembourgeois rencontrent un franc succès.
Au vu du contexte économique européen morose, comment se porte votre secteur/votre maison ?
F.B. Avant la pandémie, le marché de l’horlogerie a connu une croissance phénoménale, il est donc normal que cela s’apaise actuellement. Plus largement, les prix ayant fortement augmenté dans le secteur du luxe, nous observons un ralentissement de la demande avec un processus d’achat plus long et plus symbolique. Il est donc primordial de saisir ici l’opportunité de nous réinventer et de sublimer l’expérience client.
A.B. Malgré l’appui d’une clientèle locale très fidèle, une baisse de la demande étrangère est à constater. Aujourd’hui, les clients sont davantage conscients de leur consommation et veulent prendre leur temps. La plupart de nos vendeurs sont chez nous depuis 20 ans, ce qui confère à la relation client un caractère unique avec des parcours d’achat personnalisés. Les clients ont confiance en notre savoir-faire artisanal gage de qualité et d’authenticité.
« Que ce soit dans l’horlogerie, dans un vase ou dans un bijou, l’art est partout. Nos clients aussi partagent cet intérêt pour l’art. »
Depuis 1967, vous avez le titre de Fournisseur de la Cour. Quel impact constatez-vous sur votre activité ?
F.B. Nous en sommes fières, car cela récompense notre savoir-faire et l’excellence de notre service. Ce statut nous offre bien sûr une visibilité accrue par rapport à la concurrence et un gage de confiance pour les clients.
A.B. Lorsque l’offre est pléthorique, comme c’est le cas de nos jours, ce titre est un moyen de réassurance pour la clientèle qui ne nous connaîtrait pas. Nous faisons le maximum pour être à la hauteur de cette reconnaissance.
Quels sont vos axes de développement pour 2025 ?
F.B. Nous allons renforcer l’aspect digital avec un catalogue en ligne afin que les clients puissent parcourir nos collections et se décider avant leur visite en magasin. Les gens ne veulent plus simplement posséder des objets, mais vivre des moments privilégiés. Ainsi, nous allons augmenter le nombre d’expériences immersives comme l’organisation d’événements réservés pour notre clientèle.
A.B. Que ce soit dans l’horlogerie, dans un vase ou dans un bijou, l’art est partout. Nos clients aussi partagent cet intérêt pour l’art. Ainsi chaque année depuis 8 ans, nous publions notre propre magazine « MOLITOR » dans lequel sont mis à l’honneur de grands peintres de renommée mondiale, de magnifiques pièces de notre collection ainsi que des reportages sur des destinations étrangères ou des expositions. MOLITOR est disponible dans nos espaces, mais aussi dans les grands hôtels et dans les clubs de golf. C’est une invitation au voyage attendue par notre clientèle et nous continuerons de renforcer cet aspect artistique, cher à notre famille.