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« Le changement est le principal défi du secteur financier »

Guy Mettrick d’Appian explique comment leur plateforme, soutenue par l’IA, aide les institutions financières à optimiser leurs opérations et leur conformité.

Guy Mettrick est responsable mondial des services financiers au sein d’Appian, un éditeur américain de logiciels. Dans cette interview, il explique la manière dont la plateforme aide les banques et les sociétés de gestion à relever leurs défis opérationnels, réglementaires et technologiques. Il dévoile également comment l’intelligence artificielle (IA), et notamment l’IA générative, s’intègre dans les solutions maison pour améliorer l’efficacité et la conformité réglementaire.

Guy Mettrick, pouvez-vous rappeler l’activité d’Appian et le type de clients auxquels vous vous adressez dans le secteur financier ?

Appian est une plateforme d’automatisation des processus métier, qui s’appuie sur l’intelligence artificielle, pour résoudre des problématiques complexes et saisir des opportunités. Nous nous adressons à tous les segments des services financiers : banque de détail, gestion de patrimoine, banque d’investissement, gestion d’actifs, services titres ou encore les infrastructures de marché comme les Bourses. Nous avons plus de 200 clients dans le secteur, dont des banques mondiales ou régionales, des gestionnaires d’actifs cotés ou non cotés, ainsi que SIX Group, qui gère la Bourse suisse.

Quels services proposez-vous?

Nous proposons deux options principales : une solution cloud gérée et une solution sur site. Notre cloud est géré via Amazon Web Services (AWS), mais les clients peuvent choisir d’héberger la solution en interne, ce qui implique qu’ils gèrent eux-mêmes les mises à jour et la maintenance. Nous avons une plateforme d’automatisation unique composée d’une série de briques, que nous appelons quelquefois des legos, et qui permettent notamment d’interagir avec d’autres systèmes. En complément, nous offrons des services de conseil pour la création d’applications et collaborons avec des partenaires comme EY, KPMG, PwC, Accenture ou Cap Gemini.

« L’intelligence artificielle et l’IA générative sont cruciales pour les services financiers. »

Quels sont les principaux défis auxquels le secteur financier doit faire face aujourd’hui?

Le changement est le principal défi du secteur financier. Tout évolue très rapidement, sous l’effet des nouvelles attentes des clients, des réglementations toujours plus nombreuses, des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, des transformations des business models ou des changements de périmètres avec des acquisitions. Elles doivent donc adapter leurs processus métier, leur organisation et leurs technologies. Cependant, ces entreprises sont souvent freinées par leurs infrastructures historiques, des processus manuels et des données cloisonnées, qui augmentent les coûts et compliquent leur adaptation.

C’est en cela que nous pouvons les aider. Nous intégrons les données et éliminons les processus manuels pour permettre aux équipes de se concentrer sur les travaux à forte valeur ajoutée et de prendre les bonnes décisions. Par exemple, plutôt que de copier des données d’un système à un autre via Excel ou de suivre des échanges par e-mail, notre plateforme élimine ces tâches. Elle simplifie et automatise les flux de données.

Comment l’IA et l’IA générative contribuent-elles à améliorer vos solutions ?

L’intelligence artificielle et l’IA générative sont cruciales pour les services financiers. Cependant, ce secteur étant très réglementé, il est impératif de pouvoir expliquer les décisions prises, ce qui n’est pas toujours possible avec une IA purement autonome. Nous pensons que la solution repose sur une autonomie mixte. Cela signifie que l’IA aide les experts métier en leur fournissant des informations précises et rapides. Mais c’est toujours l’humain qui prend la décision finale et peut en expliquer la logique.

Nous utilisons des modèles comme Bedrock, outil d’IA générative d’AWS, pour répondre à des besoins spécifiques, comme l’extraction de données, le résumé de documents ou le classement d’emails. Nous travaillons par exemple avec une banque qui traite des millions de documents liés à des crédits immobiliers. Avec notre solution combinant reconnaissance optique de caractères (OCR) et IA générative, nous avons amélioré leur taux de précision d’environ 30 %. Cela représente une avancée majeure en termes d’efficacité.

Quels sont les principaux défis spécifiques à la gestion d’actifs ?

La gestion d’actifs est très complexe, avec des stratégies variées et des produits distribués dans le monde entier. Les grands gestionnaires, comme State Street, Amundi, Axa ou Natixis, doivent gérer une multitude de réglementations, tout en entretenant des relations personnalisées avec des clients institutionnels comme les fonds de pension ou les compagnies d’assurance.

Un des cas d’usage principaux pour Appian dans ce domaine est la gestion du cycle de vie des clients, comme l’intégration des nouveaux clients, la gestion des requêtes et le suivi des engagements contractuels. Ce sont des processus qui nécessitent une précision extrême et une coordination entre de nombreux systèmes.

« Nous passons beaucoup de temps au Luxembourg où nous comptons de nombreux clients, principalement des asset managers et des administrateurs de fonds, mais aussi une banque luxembourgeoise. »

Pouvez-vous aider les gestionnaires d’actifs dans leur démarche de démocratisation du private equity ?

Les fonds destinés aux investisseurs particuliers doivent être liquides, c’est-à-dire permettre des rachats au jour le jour. Mais des actifs comme le private equity, l’immobilier ou la dette privée sont par nature illiquides. Cela crée des défis en matière de gestion de trésorerie, surtout si de nombreux investisseurs souhaitent retirer leurs fonds en même temps. Néanmoins, ce sujet reste un problème d’investissement plutôt que technologique.

Quels sont vos projets dans le domaine financier ?

Nous avons trois priorités : améliorer l’expérience client, optimiser les opérations middle et back office, et faciliter la conformité réglementaire. Par exemple, nous travaillons déjà sur des solutions utilisant l’IA générative pour relier plus facilement des changements réglementaires à des politiques et procédures internes, ainsi qu’au contrôle des risques. Ces innovations sont déjà prêtes à être déployées.

Pouvez-vous décrire vos activités au Luxembourg?

Nous passons beaucoup de temps au Luxembourg où nous comptons de nombreux clients, principalement des asset managers et des administrateurs de fonds, mais aussi une banque luxembourgeoise. Le Luxembourg est l’un des principaux centres de fonds d’investissement au monde, pour les produits Ucits, les actifs alternatifs et l’immobilier. Il y a de nombreux cas d’usage dans l’administration de fonds et les services titres.

Nicolas Raulot
Nicolas Raulothttps://finascope.fr/
Nicolas Raulot est journaliste et fondateur du média financier Finascope.fr. Il compte 20 ans d’expérience de la presse. Ses articles ont été publiés dans des médias français (La Tribune, L’Agefi), belge (L’Echo), luxembourgeois (Paperjam) et suisse (Le Temps). Son parcours journalistique a commencé en France en 2000 à l’Agefi avant d’être poursuivi à La Tribune jusqu’en 2008. Il a ensuite exercé son métier au Luxembourg où il est devenu rédacteur en chef de Paperjam.lu. Nicolas Raulot a aussi travaillé dans le secteur financier comme courtier sur le marché monétaire et comme responsable éditorial et relations presse. Il est diplômé de l’Institut Supérieur de Gestion (ISG), du Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) et de l’Université de Luxembourg (Master in Wealth Management). Nicolas Raulot est l’auteur de On a vendu la Bourse (Editions Economica, 2007).

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