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L’avenir du Luxembourg selon Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini

L'événement B17 Luxembourg, en partenariat avec Forbes, a réuni des experts autour de Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini pour discuter de l’évolution du secteur financier luxembourgeois. Elle a souligné l'importance du leadership, de la collaboration et de l'agilité pour maintenir la compétitivité du pays.

Le récent événement organisé par le B17 Luxembourg, en partenariat avec Forbes Luxembourg, a réuni des professionnels de la finance et des leaders d’opinion pour une discussion intime sur le passé, le présent et l’avenir du secteur financier luxembourgeois, en compagnie de la vétérane de la finance, Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini, active depuis 1975.

Au cœur de cette conversation, modérée par Pierre-Yves Lanneau Saint Léger, figuraient la carrière exceptionnelle de Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini et ses perspectives sur l’évolution du centre financier du Luxembourg. Elle a débuté en racontant ses premiers pas dans le secteur financier, à une époque où le Luxembourg commençait à se définir comme un pôle financier. « Je suis diplômée de l’École de Commerce en 1975. À l’époque, il n’y avait pas d’espace financier au Luxembourg, aucun frontière. C’était la fin de l’industrie minière et il n’y avait pas d’ordinateurs », confie-t-elle. En 1975, le secteur était naissant, façonné par une flexibilité réglementaire et des réponses opportunistes aux politiques restrictives des pays voisins.
« Il y a des gens, dans le secteur financier ou dans d’autres entreprises, qui voient les révolutions technologiques arriver, et qui sont inquiets de ces révolutions technologiques. »

Les leçons du passé

Très tôt, le Luxembourg a su tirer parti de législations favorables, notamment dans les domaines des fonds et des holdings, et s’est imposé comme un environnement accueillant pour les banques et services financiers internationaux. Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini a souligné l’esprit de collaboration de cette époque, où régulateurs, avocats et leaders du secteur ont travaillé main dans la main pour élaborer des solutions innovantes, allant du développement de fonds d’investissement collectifs à la création d’un environnement propice à la distribution internationale de fonds.
Une de ses principales observations réside dans le rôle crucial du leadership et de la collaboration ciblée dans la croissance du centre financier luxembourgeois. Lors de moments-clés, des décisions stratégiques ont été prises par un petit groupe cohésif de professionnels de l’industrie, travaillant non pas pour des intérêts personnels mais pour la réussite collective du secteur financier. « Il y a des gens, dans le secteur financier ou dans d’autres entreprises, qui voient les révolutions technologiques arriver, et qui sont inquiets de ces révolutions technologiques », a déclaré Mme Chèvremont-Lorenzini.
Cependant, elle a mis en garde contre la tendance moderne à impliquer trop de parties prenantes dans les prises de décisions, ce qui risque de diluer l’efficacité. Pour que le centre financier reste compétitif, il doit disposer d’un leadership clair et d’une vision unifiée. « Il est vrai que le régulateur est également contrôlé par le régulateur au niveau du terrain. Mais cela étant dit, dans certains domaines, nous restons un leader », a-t-elle précisé.

Les défis de la régulation et des talents

Aujourd’hui, le Luxembourg fait face à des défis contemporains, notamment la perception de régulations de plus en plus lourdes. Si une supervision rigoureuse est nécessaire, la charge administrative ressentie comme excessive peut freiner l’innovation et l’efficacité.
Un autre défi majeur est celui des talents. Avec un secteur financier en pleine expansion, la concurrence pour attirer des professionnels qualifiés s’intensifie, nécessitant une attention renouvelée sur le recrutement et la rétention des bons profils pour soutenir la croissance. « Il y a certainement un pilier important dont nous devons parler, c’est celui des ressources, des talents. Aujourd’hui, on entend des gens dire : dans le secteur financier, on ne trouve pas les talents, c’est la guerre des talents », a-t-elle souligné
L’évolution technologique, des premiers ordinateurs centraux à l’ère de l’intelligence artificielle, témoigne de la capacité remarquable de l’humanité à s’adapter aux changements profonds. En repensant aux transitions passées, du papier à l’email, des machines fixes aux ordinateurs portables, il est évident que chaque étape, bien qu’ayant apporté des défis, a aussi offert des opportunités pour améliorer l’efficacité et redéfinir des secteurs.
« Il faut que nous trouvions des niches. Nous utilisons des outils qui sont à notre disposition pour la productivité, mais pour nous différencier, il faut que nous identifions notre propre niche. »
Au Luxembourg, ces changements coïncident avec un virage dynamique dans la main-d’œuvre et l’économie. La capacité du pays à attirer des talents internationaux et à s’adapter à de nouveaux paradigmes comme la finance durable et la fintech a été un élément clé. Cependant, des défis comme les coûts du logement et les contraintes de mobilité demeurent.
« Aujourd’hui, quand on voit à quel point nous voyageons facilement dans d’autres pays, l’Europe a du sens lorsqu’on vit dans ces régions. Ce qui était, l’absence d’espace financier, parce qu’il y avait déjà une re-régulation. Je ne parlerais pas de l’absence d’espace financier, car le Luxembourg a toujours eu un petit espace financier, et il a toujours su profiter des erreurs des pays voisins », a-t-elle ajouté.
Au-delà de la technologie, l’accent devrait être mis sur le développement du capital humain, l’amélioration de l’éducation, l’intégration de talents divers et l’équilibre des rôles de genre au sein des entreprises. S’adapter à ces évolutions exige à la fois une politique de réflexion et un engagement sans faille envers ceux qui propulsent le progrès.

L’avenir : innovation et agilité

Regardant vers l’avenir, il est impératif que le Luxembourg maintienne sa réputation de leader de l’innovation. Chèvremont-Lorenzini plaide pour une approche plus agile de la régulation, équilibrant la conformité avec la flexibilité nécessaire pour favoriser la croissance. Les industries doivent prioriser la compréhension et la collaboration, tant au sein de leurs secteurs qu’avec les régulateurs, pour garantir leur succès à long terme.
« Il faut que nous trouvions des niches. Nous utilisons des outils qui sont à notre disposition pour la productivité, mais pour nous différencier, il faut que nous identifions notre propre niche. L’économie verte, la finance durable, la confiance, et le LLM, tout ce qui peut nous différencier, dire que le Luxembourg dans ce domaine est très fort sur cette verticale, et insister là-dessus », a-t-elle conclu.
Les réflexions de Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini offrent une feuille de route percutante pour le secteur financier luxembourgeois. Son appel à un leadership ciblé, une régulation réfléchie, et un engagement à cultiver les talents a résonné avec l’audience, esquissant une vision claire de la manière dont le Luxembourg peut maintenir sa position de leader financier mondial.
La soirée, qui a mêlé discussions franches et convivialité au sein du business club B17 Luxembourg, a mis en lumière la force durable de la communauté financière luxembourgeoise, une force ancrée dans sa capacité à s’adapter, innover et collaborer.
Hassan M. Nada
Hassan M. Nada
Hassan est profondément engagé dans l'exploration des intersections de la santé, de la technologie, de l'entrepreneuriat et de la durabilité. Ayant vécu dans sept pays sur quatre continents, il apporte une perspective globale à son travail, élaborant des récits captivants qui célèbrent la diversité humaine et l'innovation. Les écrits d'Hassan couvrent un large éventail de sujets, allant de l'exploration des complexités des technologies pionnières au dévoilement des récits des startups émergentes, mettant en évidence sa profonde fascination pour l'environnement économique en constante évolution.

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