Patrick Mischo, récemment renommé Office Head d’A&O Shearman Luxembourg, explique comment le nouveau groupe nouvellement fusionné est devenu le premier cabinet d’avocats entièrement intégré, avec une portée géographique inégalée.
Le 1er mai dernier, le cabinet Allen & Overy (A&O) et son homologue américain Shearman & Sterling fusionnaient sous le nom d’A&O Shearman.
Les termes de l’association avaient été annoncés le 21 mai 2023 et approuvés le 13 octobre 2023 par plus de 99 % des associés des deux cabinets.
La nouvelle entité se positionne comme « le premier cabinet d’avocats d’élite mondial entièrement intégré avec une portée géographique et une échelle mondiale inégalées ». Elle compte désormais 4.000 avocats, 800 associés et 48 bureaux dans 29 pays du monde. Son chiffre d’affaires combiné est estimé à 3,4 milliards de dollars.
Pour Patrick Mischo, récemment renommé Office Head d’A&O Shearman à Luxembourg, « ce moment historique générera de nouvelles opportunités à la fois pour nos clients et pour le bureau luxembourgeois d’A&O Shearman. »
Il explique comment cette fusion entre les deux entités, et l’intégration de leurs spécialités et expertises respectives, placent A&O Shearman dans le top mondial des cabinets d’avocats.
Patrick Mischo, comment sera organisée la nouvelle entité ?
Concrètement, des pratiques spécialisées dans des domaines d’expertises divers et variés – tels que les fusions et acquisitions, le contentieux, le droit financier et réglementaire et bien d’autres – serviront les clients au sein d’un réseau mondial intégré. Celui-ci est structuré de façon à conserver, dans chaque pays dans lequel le cabinet opère, son profond ancrage dans le tissu économique local. Chaque bureau continuera également à avoir un focus sur l’attraction et le développement des talents.
Quelles sont les synergies attendues entre les deux groupes ?
Ces deux cabinets étaient déjà présents à l’international. Allen & Overy comptait un ancrage très fort en Europe, y compris en Angleterre, au Moyen-Orient et en Asie. Au contraire, Shearman & Sterling était fortement positionné aux États-Unis, avec une présence moindre dans les autres régions.
Si les deux groupes sont complémentaires en termes de couverture géographique, ils partagent aussi des cultures et des valeurs très similaires.
A&O Shearman est le seul cabinet à maîtriser à niveau égal le droit américain, le droit anglais et le droit de chacun des marchés les plus importants du monde. Il faut savoir que le droit anglais reste largement en usage dans l’Union européenne, même si depuis le Brexit les droits des pays membres de l’Union européenne prennent de plus en plus d’envergure. Aussi, rien que dans l’UE, nous comptons plus de 200 associés.
Qu’en est-il de vos expertises respectives ?
Je pense que les deux cabinets travaillent sur des secteurs d’activité et disposent d’expertises assez similaires ; avec un focus important sur les multinationales, les institutions financières internationales et les gestionnaires de fonds. La principale différenciation est donc avant tout géographique.
Avec la fusion, ces expertises se sont renforcées autour des megatrends économiques qui incluent des thèmes comme les énergies & infrastructures, institutions financières, sciences de la vie et technologie. Par ailleurs, le « private capital », qui a pris une envergure importante dans la sphère financière depuis la crise des subprimes de 2008-2009, représente aussi pour nous un des secteurs d’activité les plus porteurs au Luxembourg, via les fonds d’investissement alternatifs.
Les industries plus traditionnelles restent également un segment important de nos activités.
Quelles nouvelles opportunités cette fusion offrira-t-elle aux clients du bureau luxembourgeois du groupe ?
Notre marché, c’est avant tout le monde. Une grande partie de nos clients au Luxembourg sont des groupes internationaux. Même si nous couvrons aussi le tissu économique local, nous avons toujours eu pour vocation de servir des groupes internationaux, dont les activités peuvent impliquer plusieurs juridictions différentes.
Notre proposition de valeur repose donc principalement sur le fait que nous sommes « un global player », qui sert ses clients à travers toute la planète, sur les transactions les plus complexes, alors que le monde lui-même devient de plus en plus compliqué en matière réglementaire.
Quel rôle jouera A&O Shearman Luxembourg dans la stratégie du groupe ?
Au Luxembourg, Allen & Overy appartenait déjà à un réseau très puissant à l’international. La fusion contribuera évidemment à accroître ce réseau et à apporter de nouvelles opportunités.
Ainsi, nos nouvelles équipes américaines pourront par exemple accompagner les multinationales européennes dans leurs activités aux États-Unis. À l’inverse, le Luxembourg étant la porte d’entrée vers l’Union européenne, nous pourrons aider nos futurs clients américains dans leur expansion en Europe.
Nous sommes donc extrêmement confiants dans cette fusion et dans notre potentiel de croissance, et nous sommes très motivés ; même si les conditions économiques restent globalement difficiles.
Au Luxembourg, nous continuons à « monter en gamme » et pilotons de plus en plus de transactions internationales soumises au droit luxembourgeois dans le rôle de lead counsel. Ces dernières années déjà, le cabinet est passé de 12 à 18 associés. Ceci s’explique entre-autres par le fait que le droit luxembourgeois est de plus en plus utilisé sur les marchés de capitaux, les fonds d’investissement et dans plusieurs autres secteurs surtout depuis le Brexit.
De plus, en droit européen, la Commission continue à proposer des harmonisations et des réglementations toujours plus nombreuses et complexes.
Dans ce contexte, notre bureau luxembourgeois se trouve pour ainsi dire au cœur de de l’action, l’UE étant dans l’ADN du pays et des avocats luxembourgeois, qui ont là un vrai rôle à jouer en termes d’intégration de nos équipes au niveau de l’UE. Je pense donc qu’à l’avenir A&O Shearman Luxembourg aura aussi un rôle plus important à jouer.
Cet article a été écrit en étroite collaboration avec A&O Shearman Luxembourg.
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