La ferme urbaine Aurel & Axel sera la touche finale du quartier de Kuebebierg. L’entreprise agricole a mis en œuvre des techniques agricoles modernes telles que la culture de microgreens, mais c’est l’utilisation des NFT qui sort vraiment de l’ordinaire.
Augmenter le nombre de logements disponibles est un point central pour le Luxembourg, mais il est également reconnu qu’il faut construire de manière durable et créer des zones et des communautés interconnectées. C’est ce que le Fonds Kirchberg cherche à mettre en place avec Kuebebierg, un quartier basé sur les principes de la circularité. La dernière pièce du puzzle est une ferme urbaine, qui sera animée par l’entreprise agricole française Aurel & Axel. Après avoir répondu à l’appel à projets du fonds et passé de nombreuses nuits blanches, le trio composé d’Axel Barreau, Melvin Henrion et Aurélien Galodé a présenté son idée et a été sélectionné pour en faire une réalité.
Un mélange unique de cultures
Le fait d’avoir déjà une ferme en France et des clients au Luxembourg a donné un avantage à Aurel & Axel lors de la phase de sélection. En 2023, l’entreprise s’est associée au Conseil pour le développement économique de la construction (CDEC) pour installer une serre hydroponique de 380 m2 sur le toit du bâtiment de l’organisme à Bertrange. Présente dans leurs autres exploitations, cette technologie leur permet de faire pousser des plantes dans de l’eau remplie de nutriments plutôt que dans de la terre. Une solution liquide contenant du carbone, de l’hydrogène, de l’oxygène et des hormones de croissance, conçue pour imiter les systèmes traditionnels basés sur le sol, et qui circule autour des racines de la plante. Presque tout peut être cultivé en hydroponie, mais les cultures de courte durée sont les plus courantes. Les légumes verts à feuilles comme le chou frisé ou les épinards, ainsi que les tomates et les poivrons, figurent parmi les meilleures options. Cette méthode de culture utilise également jusqu’à 90 % d’eau en moins par rapport aux techniques conventionnelles.
« Le concept que nous avons de mêler différentes cultures nous donnait un avantage, contrairement aux autres candidats qui se regroupaient et où chacun était spécialisé sur une partie. Nous proposons un modèle global et c’est peut-être plus facile pour eux de n’avoir qu’un seul interlocuteur », précise Aurélien Galodé, co-fondateur d’Aurel & Axel.
L’argument de vente de l’entreprise française est un modèle qui lui permet de cultiver différents types de produits sur une même parcelle. Elle associe des techniques de culture traditionnelles à des techniques modernes, comme la culture de microgreens. Il s’agit de petites plantes nutritives récoltées à un stade précoce, telles que la betterave, les pois verts ou le radis. Dans l’ensemble, les produits de l’entreprise vont des champignons aux herbes aromatiques en passant par les courgettes. Le fait de pouvoir cultiver des microgreens et des champignons tout au long de l’année est certainement un avantage.
Sécuriser les clients luxembourgeois
Aurel & Axel ont établi des partenariats avec plus de 120 restaurants, dont 50 sont répertoriés dans le Guide Michelin. Ma Langue Sourit et Clairefontaine sont quelques-uns des établissements avec lesquels ils travaillent au Luxembourg. Les jeunes entrepreneurs ont obtenu la plupart des restaurants inscrits sur leur liste par le biais de visites ou d’appels téléphoniques. Lorsque les choses se passent bien, ils organisent une dégustation et une première commande. Les propriétaires attribuent l’adhésion des clients à une expérience de haute qualité associée à des produits locaux. Cela signifie qu’il faut être disponible tous les jours de la semaine et livrer la commande exacte à chaque fois, ce que les petits producteurs du quartier ne peuvent souvent pas faire en raison de leur taille. Les restaurants peuvent modifier le contenu de la livraison, mais Aurel et Axel s’efforcent de le maintenir constant d’une semaine à l’autre, ce qui permet de minimiser les déchets et de mieux planifier.
« L’idée est de donner aux restaurants la possibilité d’avoir beaucoup de produits locaux de différentes sortes au même endroit. »
« Même si les restaurants veulent travailler localement, ils ne veulent pas avoir des centaines de fournisseurs locaux pour chaque produit. L’idée est de leur donner la possibilité d’avoir beaucoup de produits locaux de différentes sortes au même endroit », explique Axel Barreau, co-fondateur d’Aurel & Axel.
Le jardin urbain de Kueberbierg, qui ouvrira ses portes en avril 2025, rapproche l’entreprise de la vision de ses propriétaires. Il a toujours été prévu que les clients du Grand-Duché soient approvisionnés par une ferme luxembourgeoise et que le même principe s’applique à leurs activités en France. Le projet Kueberbierg sera également lancé en même temps que le Jardin urbain du Luxembourg (LUGA), une exposition en plein air du ministère de l’agriculture, de la viticulture et du développement rural. Les visiteurs pourront jeter un coup d’œil derrière le rideau et en apprendre davantage sur la manière dont les aliments sont produits dans la ferme urbaine.
Le business plan d’Aurel et Axel prévoit de rendre leurs produits disponibles à l’achat pour les résidents et pas seulement pour les restaurants. Mais pour l’instant, le trio freine un peu les contacts avec de nouveaux clients parce qu’il a atteint son plafond de production dans son installation actuelle à Thionville.
Introduire la blockchain dans l’équation
Passer à l’étape suivante demande du temps et, bien sûr, de l’argent. L’entreprise a choisi une solution inhabituelle pour compléter son financement : les NFT. L’idée est de permettre aux clients ou aux amateurs de jetons d’acheter le produit numérique et d’avoir accès en retour à des données sur tous les aspects de la production d’Aurel & Axel. L’entreprise s’est associée au réseau de stockage numérique Filedgr, spécialisé dans les certificats numériques, dont l’objectif est de favoriser la transparence par la propriété numérique.
« La propriété numérique permettra aux gens de comprendre leur impact réel et ce que coûte la production de ce qu’ils consomment. »
« Ce sera pédagogique à plusieurs niveaux. Cela permettra aux gens de comprendre leur impact réel et ce que coûte la production de ce qu’ils consomment. Je pense que cela leur ouvrira peut-être les yeux sur le sujet de l’agriculture et du gaspillage alimentaire », déclare Aurélien Galodé, cofondateur d’Aurel & Axel.
Les NFT fonctionneront également comme une sorte d’adhésion. Les détenteurs de l’un des jetons de la société auront accès aux événements organisés à la ferme, bénéficieront d’une réduction sur leurs achats et auront accès à des produits exclusifs. Il est clair que le trio français n’hésite pas à innover, ce qui lui a permis de trouver des partenaires de poids au Luxembourg, comme le Fonds Kirchberg. La prochaine étape pour eux sera de capitaliser sur cette expérience.
Cet article est paru dans la seconde édition du magazine Forbes Luxembourg. Vous souhaitez en recevoir un exemplaire? C’est par ici!
