Circu Li-ion a récemment annoncé avoir levé 8,5 millions d’euros en amorçage pour automatiser et étendre ses opérations de recyclage de batteries. Son PDG et co-fondateur, Antoine Welter nous détaille les plans à court terme pour la jeune pousse innovante dont l’intégration de l’IA et la réalisation d’une chaîne de valeur circulaire.
Les 8,5 millions d’euros levés correspondent-ils à vos attentes ?
C’est incroyable quand on construit une entreprise vraiment formidable ! Il y a suffisamment de gens qui lèvent beaucoup d’argent et qui ne finissent pas par construire une entreprise cool. Donc, je dirais que c’est incroyable quand on dépense l’argent judicieusement.
C’est un peu plus que ce que nous avions envisagé, mais je pense que cela montre que nous résolvons un problème très pressant. Lever davantage d’argent dans ce cas nous aide en fait à développer plus rapidement et à fournir également plus de solutions à un marché qui est encore très manuel et a besoin d’aide.
Quelles sont les principales priorités pour dépenser ces fonds ?
La priorité est de continuer à élargir l’équipe avec beaucoup de talents tech exceptionnels, principalement du côté des données et de l’IA. Pourquoi ? Parce que chez Circu Li-ion nous construisons le plus grand référentiel de données sur les batteries pour pouvoir automatiser le recyclage de ces batteries. C’est vraiment l’objectif à court terme, construire un énorme référentiel sur la manière d’ouvrir et de recycler ces batteries.
Un autre objectif dans les 12 prochains mois est de continuer le déploiement avec des clients dans différents marchés européens.
« Je pense qu’il est très réaliste de dire que dans les 2-5 prochaines années, nous atteindrons une circularité de 90 %. »
Vous prévoyez de recycler 3 milliards de batteries d’ici 2035. Pouvez-vous contextualiser ce chiffre ?
Le nombre de batteries entre 2019 et 2039 aura été multiplié par 50 en termes de gigawattheures. Il y a une batterie dans tout de nos jours, et bien que 3 milliards semblent très élevés, si nous déployons quelques centaines de machines, c’est certainement faisable.
Pour vous donner une idée, notre installation en Allemagne peut recycler environ 6 000 tonnes de batteries par an. Notre focus initial a été sur les batteries industrielles et maintenant nous augmentons constamment nos bibliothèques de batteries pour inclure de plus en plus d’appareils.
Vous avez récemment mentionné vouloir soutenir la chaîne de valeur circulaire des batteries. À quel point diriez-vous que cette chaîne de valeur est actuellement circulaire ?
Je pense qu’en général, le marché se situe autour de 15-20 % de circularité et je pense que nous pouvons le pousser très très loin. Je pense qu’il est très réaliste de dire que dans les 2-5 prochaines années, nous atteindrons une circularité de 90 %.
Quels sont les obstacles pour y parvenir ?
C’est un pur jeu technologique et le seul obstacle est l’investissement dans la technologie. Il faut beaucoup d’investissement initial pour y arriver, mais je pense que c’est définitivement faisable.
En ce moment, il s’agit de mettre en place la technologie. Chaque jour, de nouvelles batteries entrent sur le marché et nous voulons continuellement les ajouter à notre bibliothèque de batteries, donc c’est un travail au long cours.
« Il s’agit vraiment d’une IA pilotée par les applications et nous traitons des tonnes de données que nous allons bientôt publier avec un fournisseur de big data. »
Comment prévoyez-vous d’intégrer l’IA dans vos opérations ?
Aujourd’hui, le concept de l’exploitation minière urbaine est encore un peu un mythe car une grande partie du travail est encore très manuelle. Mais avec les nouvelles technologies telles que l’IA et un marché de la vision par ordinateur en hausse, le démantèlement de produits complexes avec des machines devient de plus en plus une réalité.
Nous utilisons déjà l’IA dans quatre étapes de notre processus. Il s’agit vraiment d’une IA pilotée par les applications et nous traitons des tonnes de données que nous allons bientôt publier avec un fournisseur de big data. Les données seront essentielles pour atteindre nos objectifs car nous avons besoin de la flexibilité qu’elles offrent. La flexibilité est le maître-mot.
Qu’est-ce qui vous motive à pousser Circu Li-ion plus loin ?
Nous voulons faire de l’économie circulaire une réalité avec une équipe formidable. Si nous ne combinons pas une équipe très entrepreneuriale et interdisciplinaire, nous n’allons pas y arriver. Il faut divers talents avec la bonne attitude et nous voulons que cela se produise.