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Répondre au besoin de flexibilité des travailleurs

La prolifération des espaces de coworking au Luxembourg, bien que lente par rapport à d'autres pays, est soutenue par la diversité de la population et le besoin de réseautage, avec des projets en cours pour améliorer l'offre et répondre à la demande croissante de flexibilité post-pandémie.

La prolifération des espaces de coworking au Luxembourg est plus lente que dans de nombreux pays occidentaux, mais la petite taille du pays et la diversité de sa population, associées au besoin de travailler en réseau, pourraient bien placer le grand-duché sur la voie du succès.

Le modèle du coworking et son potentiel à devenir une norme suscitent beaucoup d’enthousiasme. Dans le cas du Luxembourg, cependant, il faudra peut-être attendre un peu. Les espaces de coworking ne représentent que 2 % de l’espace de bureaux total du Grand-Duché, selon la plateforme de recherche économique StartupBlink. La même source indique que la pénétration du marché du coworking est de 24 % au Royaume-Uni et de 12 % en France. Il s’agit là de quelques-uns des grands acteurs du secteur des start-ups en Europe occidentale, et les entreprises de ce type sont souvent attirées par les espaces de travail partagés.

Les espaces de coworking au Luxembourg n’offrent pas non plus toutes les options que l’on peut trouver dans les pays où le service est plus développé, comme en France. Par exemple, il n’est pas possible de réserver un espace de travail partagé pour une journée ou une demi-journée. L’espace de coworking Paladium travaille sur le déploiement de ce service en septembre 2024. « Nous devons faire beaucoup de changements. Les gens peuvent arriver tôt le matin ou le soir, même le week-end. Et nous devons leur donner accès au bâtiment. Certaines personnes nous ont demandé de réserver pour une heure seulement. Nous n’en sommes pas encore là, mais cela viendra », explique Antoine Berghen, cofondateur de Paladium.

« Travailler à domicile toute la semaine, en particulier pour les entrepreneurs, peut sembler très long. »

Un moyen de rencontrer les bonnes personnes

Auparavant, les gens pouvaient le faire par le biais d’une plateforme appelée Deskover et réserver un bureau dans un espace de travail partagé pour une durée allant d’une heure à quelques jours. Le service a été supprimé, mais ses créateurs ont conclu un partenariat avec Paladium pour aider l’espace de coworking à rendre possibles les réservations pour une journée ou une demi-journée. Selon Antoine Berghen, le Luxembourg dispose d’un énorme potentiel pour développer ses services d’espaces de travail partagés. La petite taille du pays et le nombre élevé de personnes originaires de différents pays créent une situation unique. « Lorsque les gens viennent au Luxembourg, ils ont peut-être l’impression que le coworking est un peu en retard par rapport à ce à quoi ils sont habitués. Mais ils veulent toujours travailler de la même manière et créer des liens. Ils recherchent le réseautage aussi parce que c’est un petit pays. Et lorsque vous rencontrez les bonnes personnes, cela peut apporter de grands changements à votre entreprise », explique l’entrepreneur.

La mise en réseau est l’un des mots clés du coworking. L’autre est la flexibilité, et selon le cofondateur de Paladium, le besoin des deux s’est accru depuis la pandémie de covid-19. Cette tendance est présente globalement avec la prolifération des espaces de coworking. Le mode de travail traditionnel, dans un immeuble de bureaux appartenant à l’employeur ou loué par lui, était la voie à suivre dans le passé. C’est toujours l’option la plus populaire avec les centres d’affaires, mais il y a aujourd’hui une plus grande diversité. « Pendant le covid, les gens devaient travailler à la maison et ils commençaient à ressentir une sorte de solitude. Je pense que, pour eux, travailler à domicile aujourd’hui est une bonne chose pour un jour ou deux dans la semaine. Travailler à domicile toute la semaine, en particulier pour les entrepreneurs, peut sembler très long », explique M. Berghen. Il cite le cas des entreprises du Big 4 qui louent des espaces de coworking chez Paladium pour leurs consultants. Cela permet aux employés de remplacer ou d’alterner le travail à domicile par du travail dans un espace avec d’autres personnes. Le fait que Paladium dispose d’un espace de coworking à proximité de la gare centrale de la ville de Luxembourg offre une flexibilité supplémentaire, ce qui le rend plus accessible aux personnes qui préfèrent cette solution aux déplacements vers les bureaux de l’entreprise.

Intrinsèquement lié aux voies de communication

Une localisation à proximité d’un axe de déplacement comme celui d’une gare ou d’un métro est primordiale pour un espace de travail partagé. En témoigne le projet de Paladium d’ouvrir un espace de coworking avenue de la Gare, alors qu’il en possède déjà un à Bonnevie, à quelques minutes à pied de la gare de la capitale. En effet, ce dernier est pratiquement plein. Les espaces de coworking Silversquare et Spaces ont également des bureaux à proximité de la gare. Un service un peu spécifique à la grande région est l’accueil des employés dans un lieu proche d’une gare, notamment en cas de dysfonctionnement sur la voie ferrée. Ceux-ci ne sont pas rares et peuvent laisser des personnes bloquées et des employeurs avec seulement la moitié de leur force de travail pendant plusieurs heures. Cela peut être une alternative utile lorsque les wagons de train sont pleins et que tout le monde ne peut pas se rendre au bureau à l’heure. Pour répondre à ce besoin, Paladium travaille à l’ouverture d’un espace de coworking à proximité de la gare de Thionville. Des discussions avec la SNCF sont en cours puisque la gare lui appartient.

On ne peut parler de la main-d’œuvre luxembourgeoise sans évoquer les frontaliers. Le prestataire de services aux fonds et aux entreprises Alter Domus et le réseau de services professionnels PwC ont ouvert des bureaux satellites, conçus pour attirer et retenir les employés de l’autre côté de la frontière. D’autres entreprises du Big 4, KPMG et Deloitte, prévoient de faire de même. Cette option n’en est encore qu’à ses débuts. Les espaces de coworking s’adressent également aux travailleurs transfrontaliers, mais là encore, le service n’est pas particulièrement avancé. Paladium dispose d’un bureau à Bertrange, apprécié par les travailleurs belges qui souhaitent éviter le trafic de la capitale, selon M. Berghen. Spaces dispose d’un bureau à Gasperich, qui peut remplir une fonction similaire. Urban Office se distingue avec des espaces de coworking à Windhof, près de la frontière belge, et à Bettembourg, à moins de 10 km de la France.

« Si vous avez une idée commerciale et que vous voulez juste l’essayer, je pense que les espaces de coworking sont le meilleur endroit pour la développer. »

Synergie et mise en réseau

Outre les employés, les espaces de coworking attirent les entrepreneurs, en particulier ceux qui se lancent dans l’aventure. « Parfois, ils ont un emploi à temps plein et, le soir, ils travaillent sur un nouveau projet, essayant de créer une nouvelle entreprise. Nos espaces de coworking étant ouverts 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ils peuvent venir quand ils le souhaitent », explique Antoine Berghen. D’autres utilisent leur adhésion lorsqu’ils ont besoin d’accueillir un client et d’avoir une conversation dans un cadre approprié. Dans ce cas, ils réservent une salle de réunion. L’entrepreneur souligne que Paladium ne fonctionne pas comme un incubateur, à l’instar de la Luxembourg House of Financial Technology (LHoFT), qui attire les start-ups. Néanmoins, les espaces de coworking comme Paladium peuvent offrir une synergie entre les entreprises, et ils sont certainement conçus pour offrir un réseau. « Parfois, les personnes qui louent un bureau privé chez nous choisissent de travailler dans l’espace de coworking à la place, en raison de l’ambiance et des gens », explique-t-il. Paladium organise également des événements permettant à ses membres de se rencontrer et d’échanger.

Lorsque l’on parle d’un bâtiment abritant de nombreuses entreprises différentes, on pense tout d’abord aux centres d’affaires. Ceux-ci ont existé bien avant les espaces de coworking. « Lorsque vous vous rendez dans un centre d’affaires, vous avez un certain engagement. Vous devez signer pour quelques mois ou même un an. La flexibilité n’est pas la même [que dans les espaces de coworking]. Si vous avez une idée commerciale et que vous voulez juste l’essayer, je pense que les espaces de coworking sont le meilleur endroit pour la développer », explique Antoine Berghen. Cette flexibilité attire les entreprises et les personnes qui partagent les mêmes idées, ce qui permet de créer un écosystème de personnes qui abordent le travail de la même manière. L’avenir nous dira si l’intérêt pour les espaces de coworking continuera à augmenter, mais le désir croissant des employés pour la flexibilité et la liberté est une tendance qui s’est déjà confirmée.


Cet article est paru dans la troisième édition du magazine Forbes Luxembourg. Vous souhaitez en recevoir un exemplaire? C’est par ici!

Teodor Georgiev
Teodor Georgiev
Passionné de journalisme depuis son plus jeune âge, Teodor Georgiev s'est spécialisé dans le développement durable et la culture des expatriés après avoir fait ses premiers pas dans le monde des médias luxembourgeois. Ses articles offrent au lecteur une compréhension approfondie du sujet. Soucieux d'établir des liens durables avec des personnes de tous horizons, Teodor met souvent en lumière des histoires moins connues sur des personnes et des projets entrepreneuriaux.
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