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Immigration : une plus grande économie

Au-delà de représenter un boost de croissance potentielle pour l’économie, l’immigration permet de résoudre en partie la problématique de la pénurie de travailleurs observée depuis la pandémie.

Les créations d’emplois demeurent soutenues aux États-Unis depuis plusieurs trimestres, symbole d’une économie robuste. Une vigueur qui n’a pas empêché la poursuite du rééquilibrage du marché de l’emploi ; une dynamique reflétant en partie la forte hausse de l’immigration depuis 2022.

Une immigration bondissante

Les flux migratoires ont historiquement représenté un facteur de croissance démographique important aux États-Unis. Le Bureau du Budget du Congrès (CBO) estime que près de 3,3 millions de migrants, principalement en provenance d’Amérique centrale et du Sud, étaient arrivés aux États-Unis en 2023. Des chiffres bien supérieurs à ceux avancés lors du précédent rapport datant de 2019 qui estimait à 1 million le nombre d’arrivées de l’étranger pour 2023.

Une économie plus grande

Au-delà de représenter un boost de croissance potentielle pour l’économie, l’immigration permet de résoudre en partie la problématique de la pénurie de travailleurs observée depuis la pandémie. Une situation qui a engendré une hausse importante des salaires. L’arrivée de nouveaux travailleurs en provenance de l’étranger permet de juguler ce déséquilibre, soit en comblant des postes vacants, soit en augmentant le nombre de personnes sans emploi, diminuant ainsi la pression sur les salaires et in fine sur l’inflation des services. Un phénomène permettant également d’expliquer une partie des récentes hausses du taux de chômage qui trône actuellement à 3,9 %. En effet, les immigrés ne trouvent pas nécessairement immédiatement du travail tandis qu’ils représentent une population où le taux de chômage est généralement plus élevé. En somme, une dynamique de hausse du chômage bien différente des cycles de pertes d’emplois liés aux récessions.

Dans ce contexte, une économie plus forte, grâce à la hausse de la force de travail, ne signifie pas nécessairement davantage d’inflation ou comme mentionné par Jerome Powell : « L’économie est plus grande, mais pas plus tendue ». Un message clair que l’on peut retrouver dans les projections de la Fed en mars qui a fortement revu ses anticipations de croissance pour 2024 à la hausse sans modifier de manière substantielle ses anticipations d’inflation et de taux.

Un thème structurel, mais aussi politique

Le CBO estime que 7,5 millions d’immigrés devraient venir accroître la population américaine d’ici 2026, ce qui représenterait un soutien non négligeable pour les perspectives de croissance et de créations d’emplois. Des dynamiques migratoires qui devraient justifier d’un potentiel de 160 000 à 200 000 créations d’emplois par mois cette année selon le Think Tank Brookings. Ces flux devraient permettre au marché de l’emploi américain de continuer à se rééquilibrer et notamment compenser le problème structurel de la baisse de la main d’œuvre native en raison d’une population vieillissante.

Cependant, ces projections sont à tempérer ; l’immigration est aussi un sujet politique et devrait être un thème central de l’élection américaine, l’immigration illégale ayant constitué une part importante des flux migratoires ces dernières années. Un sondage Gallup publié fin février révélait que l’immigration demeurait le sujet prioritaire pour les américains pour la première fois depuis 2018, devant l’inflation ou la situation économique.

Sources : Bloomberg, Indosuez Wealth Management.


Cette chronique a été écrite par Alexandre Drabowicz, Chief Investment Officer, et Tanguy Kamp, Head of Investment Management pour Indosuez Wealth Management, et est à retrouver dans la seconde édition du magazine Forbes Luxembourg. Vous souhaitez en recevoir un exemplaire? C’est par ici!

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