L’évaluation du risque pays du Grand-Duché passe de A2 à A1. Principale raison : la trajectoire de taux d’intérêt de la BCE avec quatre assouplissements monétaires en 2024 et de nouveaux gestes à prévoir en 2025. De quoi profiter aux secteurs financier et immobilier, deux piliers du pays.
« On le voit, l’exercice 2025 ne débute pas sous les meilleurs auspices et s’apparente à de nombreux égards à un nouveau plongeon dans l’inconnu ». Au lendemain des annonces par Donald Trump de droits de douane à l’encontre du Mexique, du Canada et de la Chine, la Coface s’est montrée lucide et humble ce lundi pour apprécier la situation économique mondiale.
La société d’assurance crédit publiait son traditionnel « baromètre risques pays ». Cet indicateur trimestriel est censé estimer le risque de crédit moyen des entreprises de 160 pays sur la base de données macroéconomiques, financières et politiques.
C’est dans ce contexte incertain que la note attribuée au Luxembourg a été relevée au plus haut niveau de son échelle d’évaluation.
Seuls trois autres pays dans le monde (Guyana, Oman et Royaume-Uni) ont bénéficié d’un rehaussement d’un cran, pendant que trois autres étaient déclassés (Bangladesh, Botswana, Maldives).
« Associée à une croissance des salaires toujours soutenue, cette évolution [la baisse des prix à la consommation] contribuera à accroître le pouvoir d’achat […] »
L’économie s’est stabilisée
L’évaluation du risque Luxembourg est ainsi relevée de A2 (risque peu élevé) à A1 (très faible) tandis que celle du Royaume-Uni passe de A4 (convenable) à A3 (satisfaisant), soit au même niveau que la France par exemple.
« Dès 2024, l’économie luxembourgeoise s’est stabilisée après la récession de 2023 et se trouve désormais sur la voie d’une reprise progressive », constatent les économistes de Coface. « La principale raison est la trajectoire des taux d’intérêt de la BCE (Banque Centrale Européenne), avec quatre baisses consécutives en 2024 », expliquent-ils. Le pays devrait également bénéficier du nouvel assouplissement de 25 points de base décidé la semaine dernière à Francfort. « D’autres baisses de taux jusqu’au niveau neutre sont attendues en 2025 pour porter son taux de dépôt à 2 %, ce qui soutiendra le secteur financier luxembourgeois, qui représente 30 % du PIB », poursuit la Coface.
En 2022 et 2023, l’économie a été affectée par la hausse brutale des taux d’intérêt, avec des effets sensibles sur les secteurs financier et immobilier, deux poumons du pays.
Enfin, l’expert de l’assurance-crédit souligne une nette amélioration sur le front de l’inflation : « Les prix à la consommation ont baissé au cours de l’automne 2024, ramenant le taux d’inflation à moins de 1 %. Associée à une croissance des salaires toujours soutenue, cette évolution contribuera à accroître le pouvoir d’achat et, partant, à stimuler la consommation privée ».
« La dérégulation et les baisses d’impôts promises par Donald Trump devraient soutenir l’investissement. »
Confirmation de la divergence
Sur le plan global, la Coface s’attend à une confirmation de la divergence entre l’économie américaine et la zone euro : « La croissance américaine devrait rester solide, grâce à la résilience des dépenses des ménages américains, permise par la résistance du marché du travail et les effets de richesse liés à la hausse des prix de l’immobilier et du marché actions. La dérégulation et les baisses d’impôts promises par Donald Trump devraient soutenir l’investissement ».
A l’inverse, la croissance devrait rester limitée en Europe, estime-t-elle, « pénalisée par les difficultés de l’industrie et de la construction, dont les indicateurs avancés ne pointent toujours pas vers un rebond ».
« Malgré la baisse de l’inflation, la consommation y resterait limitée par le manque de confiance des ménages. La croissance devrait ainsi rester faible en Italie et, surtout, en Allemagne », anticipe-t-elle.
Pour la France, la Coface prévoit un ralentissement économique cette année après que le pays a mieux résisté que ses homologues en 2024, notamment grâce aux dépenses publiques et aux Jeux Olympiques. Elle prévoit une croissance de seulement 0,5 % en 2025 (après 1,1 % en 2023 et 1,1 % estimé en 2024), contre 0,9 % dans l’hypothèse retenue pour le budget 2025 et 0,7 % pour le consensus des économistes.