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Le retour de Donald Trump : un catalyseur pour l’Europe ?

Lombard Odier anticipe une croissance américaine soutenue et une relance européenne portée par l’innovation et les baisses de taux.

Dans ses perspectives 2025, Lombard Odier estime que les Etats-Unis devraient continuer à tirer leur épingle du jeu, en bénéficiant des politiques du futur président. Si les projets de nouveaux droits de douane assombrissent les perspectives européennes, la zone euro devrait néanmoins profiter des baisses de taux de la BCE et d’une possible reprise des investissements.

Tous les espoirs ne sont pas perdus pour l’Europe, estiment les experts de Lombard Odier dans leurs perspectives 2025. Certes, les écarts se sont nettement creusés en 2024 entre les deux rives de l’Atlantique, tant sur le plan de la croissance que des performances boursières. Pendant que le S&P500 progressait d’environ 27 % au 18 décembre, l’EuroStoxx50 ne franchissait même pas la barre des 10%. Ne parlons pas du CAC 40 qui a stagné.

Moteur d’accélération

Et l’élection de Donald Trump est perçue comme une nouvelle source d’accélération pour les Etats-Unis. “La croissance américaine, que nous prévoyons à 2,4% en 2025, devrait être soutenue par de nouvelles baisses d’impôts et un assouplissement de la réglementation. La dynamique  économique actuelle, principalement alimentée ces dernières années par la résilience des consommateurs américains, s’en trouvera renforcée”, estime Filippo Pallotti, stratège macro de la banque suisse. “Nous pensons que les dépenses de consommation continueront à être soutenues par un taux de chômage relativement faible, la hausse des salaires et les effets de richesse liés à la progression des marchés boursiers, ainsi que par la dévaluation de la dette nominale existante due à une inflation élevée”, poursuit-il.

En complément, estime Michael Strobaek, Global Chief Investment Officer, « L’Amérique d’abord » assombrit les perspectives des autres pays du monde : “Il ne s’agit pas seulement d’un « effet Trump ». Les Etats-Unis engagent des ressources considérables pour se défendre contre ce qu’ils qualifient de concurrence stratégique. Le pays a déjà injecté des capitaux représentant aujourd’hui plus du double du plan Marshall pour la

reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale. La surperformance des actifs financiers américains n’est donc guère surprenante”.

Nouveaux droits de douane

L’imposition par les Etats-Unis de nouveaux droits de douane sur les exportations européennes pourrait freiner davantage l’économie du continent”, ajoute Samy Chaar, chef économiste et CIO Suisse chez Lombard Odier.

Néanmoins, poursuit-il, l’affaiblissement de l’euro pourrait avoir un effet bénéfique. Il souligne aussi, que dans un contexte où l’inflation européenne semble maîtrisée, la baisse des taux d’intérêt est un remède facile à mettre en oeuvre : “Après avoir procédé à des hausses musclées de ses taux d’intérêt en 2022 et 2023, la BCE (Banque Centrale Européenne) est désormais en mesure d’assouplir sa politique monétaire. Nous tablons sur des baisses consécutives en 2024 et 2025 et pensons que le cycle s’achèvera aux alentours de 1,25%, voire à un niveau largement inférieur en cas de ralentissement prononcé”.

Le cycle d’assouplissement de la BCE devrait jouer un rôle plus important en 2025”, juge pour sa part Nannette Hechler-Fayd’herbe, Head of Investment Strategy, Sustainability and Research, CIO EMEA.

Si le contexte politique est troublé en Allemagne et en France, Samy Chaar souligne que les prochaines élections allemandes pourraient être propices au changement, mais aussi que l’augmentation des revenus réels, générée par le recul de l’inflation, devrait continuer à soutenir les dépenses de consommation.

Besoin de politiques communes

Enfin, peut-on espérer que l’Europe se ressaisisse : “Le besoin de politiques communes concernant le commerce, l’énergie, la relance de la croissance, la sécurité, les dépenses militaires et la guerre en Ukraine se fait aujourd’hui plus pressant”, fait valoir Samy Char.

Alors, le retour de Donald Trump pourrait-il finalement générer un effet catalyseur sur le Vieux Continent? “L’année prochaine se caractérisera par une croissance léthargique, une inflation faible et des taux d’intérêt bas dans la région. Néanmoins, l’Europe dispose de suffisamment de moyens financiers pour investir et doper la croissance. Et, comme les Etats-Unis le prouvent, le niveau absolu de l’endettement a moins d’importance que la façon dont un pays réalise ses investissements”, estime Michael Strobaek.

Publié le 18 décembre, le tableau de bord de l’Union européenne sur les investissements en R&D industrielle permet peut-être d’entrevoir le bout du tunnel. En 2023, pour la première fois en 10 ans, les entreprises de l’UE (+9,8 %) ont en effet devancé les États-Unis (+5,9 %) et la Chine (+9,6 %) sur ce terrain. L’an dernier, l’UE occupait la deuxième place mondiale en matière d’investissements privés en R&D (18,7 %), derrière les États-Unis (42,3 %), mais devant la Chine (17,1 %), le Japon (8,3 %) et les pays du reste du monde (13,6 %). “La recherche et l’innovation seront au cœur de l’économie de l’UE dans les années à venir, dans le but de stimuler l’innovation et l’excellence scientifique dans la course à une économie propre et numérique, et de contribuer à la compétitivité et à la prospérité durables de l’UE”, a commenté la Commission européenne.

Nicolas Raulot
Nicolas Raulothttps://finascope.fr/
Nicolas Raulot est journaliste et fondateur du média financier Finascope.fr. Il compte 20 ans d’expérience de la presse. Ses articles ont été publiés dans des médias français (La Tribune, L’Agefi), belge (L’Echo), luxembourgeois (Paperjam) et suisse (Le Temps). Son parcours journalistique a commencé en France en 2000 à l’Agefi avant d’être poursuivi à La Tribune jusqu’en 2008. Il a ensuite exercé son métier au Luxembourg où il est devenu rédacteur en chef de Paperjam.lu. Nicolas Raulot a aussi travaillé dans le secteur financier comme courtier sur le marché monétaire et comme responsable éditorial et relations presse. Il est diplômé de l’Institut Supérieur de Gestion (ISG), du Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) et de l’Université de Luxembourg (Master in Wealth Management). Nicolas Raulot est l’auteur de On a vendu la Bourse (Editions Economica, 2007).

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