Au Luxembourg, un tatoueur local a gagné une reconnaissance internationale en figurant dans le livre renommé The Greatest Artists of Tattoos. Il existe une intersection unique entre l’art et l’entrepreneuriat que peu de personnes parviennent à maîtriser.
De la passion à la profession
Parmi ces rares exemples, on trouve le fondateur d’Atlas Tattoo Studio, également tatoueur invité aux États-Unis. Miguel Ameliach, né au Venezuela et installé au Luxembourg, a non seulement construit une carrière florissante dans le tatouage, mais il a aussi relevé les défis de l’entrepreneuriat, laissant sa marque tant sur la scène locale qu’internationale.
« Depuis mon plus jeune âge, l’art était bien plus qu’un passe-temps, c’était un mode de vie », confie Miguel Ameliach. Enfant, il passait des heures à dessiner des personnages de bandes dessinées, nourrissant ainsi sa créativité. En grandissant, son immersion dans la scène musicale rock l’a conduit à voir le tatouage comme une forme puissante d’expression de soi. Un tournant décisif a été la découverte de Miami Ink, l’émission de téléréalité qui offrait un aperçu du monde du tatouage.
Sa fascination s’est approfondie lorsqu’il a exploré l’art japonais du tatouage, réputé pour sa symbolique riche et son lien étroit avec le folklore. Cependant, c’est en apprenant auprès du tatoueur vénézuélien Axel Lopez, son premier mentor, que sa véritable aventure dans le tatouage réaliste a commencé. Cet apprentissage s’est révélé transformateur, lui permettant de découvrir son talent naturel pour le réalisme, que ce soit en couleur ou en noir et gris.
« Depuis mon plus jeune âge, l’art était bien plus qu’un passe-temps, c’était un mode de vie. »
L’esprit d’entreprise en action
Atlas Tattoo Studio, sa première aventure entrepreneuriale, a vu le jour dans un contexte mondial incertain après la pandémie de Covid. Ouvrir un studio de tatouage en période de crise était un pari risqué, mais Miguel Ameliach a adopté une approche stratégique. « J’ai élaboré un plan d’affaires basé sur le pire scénario possible, incluant l’éventualité de futurs confinements », explique-t-il.
Le passage du statut d’artiste à celui de gestionnaire d’entreprise a été l’un des plus grands défis qu’il ait eu à relever. Cette transition a nécessité l’apprentissage de nouvelles compétences, telles que la comptabilité, le marketing et la gestion des relations avec les clients, en plus de son art du tatouage. « C’est un changement total. Désormais, je ne me concentre pas seulement sur le tatouage, mais aussi sur la gestion des courriels, des stocks et des plannings. Cela me convient, car je suis quelqu’un qui aime rester occupé », ajoute-t-il.
Son approche illustre une leçon essentielle pour les entrepreneurs créatifs : le succès repose sur la capacité à s’adapter et à dépasser son domaine de compétence principal.
Se forger une réputation sur un nouveau marché
Migrer du Venezuela vers le Luxembourg s’est accompagné de nombreux défis. Bien qu’il ait une réputation établie dans son pays d’origine, il a dû repartir de zéro au Luxembourg. « Les premières années ont été difficiles. Vous êtes un immigrant qui commence à zéro dans un pays où la réputation est primordiale. Sur un petit marché comme le Luxembourg, la confiance et les recommandations jouent un rôle crucial dans la croissance d’une entreprise », explique Miguel Ameliach.
Cependant, ce déménagement a également apporté des avantages professionnels. Avec un accès à des équipements et des matériaux de tatouage de meilleure qualité, il a pu améliorer son travail. Au Venezuela, en raison des contrôles de change, se procurer des fournitures de haute qualité était souvent une lutte. Aujourd’hui, avec la liberté d’accès aux meilleurs outils, il peut se concentrer sur le perfectionnement de ses techniques et offrir une meilleure expérience client.
La culture locale a également façonné son approche du travail. « Le travail ne commence pas quand le client entre, mais bien avant, avec le design et la préparation », dit-il. Cette discipline dans la gestion du temps a été essentielle pour gagner la confiance des clients, qui attendent un haut niveau de professionnalisme.
« Je suis reconnaissant pour ce que j’ai accompli, mais je regarde toujours vers l’avant. »
L’héritage de l’art
Le tatouage est une combinaison unique d’art et de service. Il ne s’agit pas seulement de créer de l’art sur la peau, mais de veiller à ce que l’œuvre corresponde à la vision du client tout en résistant à l’épreuve du temps. « Autant que possible, quand un client propose une idée, je l’accompagne pour qu’il comprenne ce qui rendra bien sur la peau, non seulement maintenant, mais aussi dans les années à venir », précise Miguel Ameliach.
Cet équilibre entre intégrité artistique et satisfaction du client est essentiel, surtout dans un domaine où les tendances et les préférences personnelles évoluent constamment. Son engagement envers la qualité l’a distingué et lui a permis de bâtir une clientèle fidèle, tant localement qu’internationalement.
Son parcours, du Venezuela au Luxembourg, de l’artiste à l’entrepreneur, témoigne de la résilience, de l’adaptabilité et de la passion. « Je suis reconnaissant pour ce que j’ai accompli, mais je regarde toujours vers l’avant, car il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre et de nouveaux défis à relever », conclut-il.