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« Nous venons au Luxembourg car nous croyons en l’Europe »

Herbert Smith Freehills ouvre un bureau au Luxembourg pour renforcer sa présence en Europe. Le cabinet veut axer son développement sur les fonds d'investissement, le droit des sociétés et la fiscalité.

Régis Oréal, managing partner du bureau parisien Herbert Smith Freehills, explique les ambitions du cabinet qui s’apprête à ouvrir un bureau au Luxembourg. Ce développement s’inscrit dans une stratégie européenne renforcée, alors que le cabinet a récemment fusionné avec la partie américaine de Kramer Levin. Herbert Smith Freehills veut internaliser ses activités luxembourgeoises et composer très vite une équipe de 12 à 15 personnes.

Régis Oréal, pourquoi cette implantation au Luxembourg ? Comment cette décision a-t-elle été prise ?

La décision d’ouvrir un bureau au Luxembourg s’inscrit dans une vision claire : renforcer notre maillage pan-européen. Herbert Smith Freehills est déjà implanté dans six pays européens, avec des bureaux à Francfort, Düsseldorf, Milan, Madrid, Bruxelles, et bien sûr Paris, qui est le plus grand bureau de notre réseau en Europe. Le bureau luxembourgeois ouvrira début 2025. Nous finalisons actuellement les démarches administratives, notamment auprès du barreau luxembourgeois, et la signature des locaux.

Le Luxembourg est une place juridique et financière importante en Europe. Avec son industrie des fonds, ses holdings d’entreprises et son rôle dans les institutions financières, il joue un rôle clé pour de nombreux groupes bancaires et fonds européens. Nos clients, qu’il s’agisse des grandes banques françaises et européennes ou des fonds d’investissement, y ont une forte présence. Pendant des années, nous avons externalisé une partie de notre travail à des cabinets locaux luxembourgeois. Nous avons vu là une opportunité stratégique : internaliser ces activités pour proposer une offre totalement intégrée à nos clients.

Le bureau de Paris est-il à l’origine de cette opération ?

Paris a été promoteur, car il y a un aspect de proximité culturelle et linguistique. Paris sera très impliquée dans le développement. Mais le Luxembourg aura vocation à servir tout le réseau, en particulier notre bureau à Londres. Certains de nos concurrents ont déjà une présence forte sur place. Nous sommes très enthousiastes.

« Nous voyons une activité importante, que ce soit dans les fonds de private equity, les ETF, ou les opérations transfrontalières. »

Comment avez-vous constitué l’équipe pour ce nouveau bureau ?

Nous avons saisi des opportunités en recrutant trois associés de renom, dont Joanna Pecenik Vergès d’Espagne, avocate spécialisée en fonds d’investissement et Marc Tkatcheff, en Private Capital/M&A rejoindront le cabinet en provenance de A&O Shearman où ils sont counsels. Ils seront accompagnés par Jean-Dominique Morelli, associé en fiscalité chez Maples & Calder. Nous partons donc avec une base solide et polyvalente. L’objectif est de commencer avec 5 ou 6 personnes, puis de monter rapidement une équipe de 12 à 15 personnes. Nous allons démarrer avec ce triptyque fonds d’investissement, corporate et fiscalité, avant d’étendre nos activités.

Cette ouverture est-elle liée à votre récente fusion avec Kramer Levin ?

Ces deux sujets sont distincts. L’ouverture du Luxembourg était déjà en projet bien avant la fusion avec Kramer Levin. Cependant, cette fusion renforce notre positionnement global et donne encore plus de sens à ce développement en Europe. Kramer Levin est essentiellement un cabinet américain avec des bureaux à New York, Washington et la Silicon Valley. Mais cela illustre bien notre stratégie globale : être forts aux États-Unis, qui connaissent une forte croissance, tout en continuant à investir massivement en Europe.

Pourquoi maintenant ? Le contexte économique est-il vraiment favorable, alors que les Etats-Unis sont perçus comme beaucoup plus dynamiques que l’Europe?

L’Europe reste un marché incontournable, malgré les discours parfois pessimistes. Nous voyons une activité importante, que ce soit dans les fonds de private equity, les ETF, ou les opérations transfrontalières. Un très grand nombre d’institutions financières sont présentes au Luxembourg, qui est un pôle d’attractivité pour les fonds d’infrastructures, les émissions obligataires et les problématiques réglementaires.

Je suis un Européen convaincu. Oui, les États-Unis connaissent une forte croissance et attirent des investissements grâce à leur dynamisme économique. Mais l’Europe reste une région clé, avec ses consommateurs, ses institutions financières de premier plan, et des opportunités d’investissement significatives. Nous croyons fermement qu’il y a encore beaucoup à construire ici. Nous venons au Luxembourg, car nous croyons en l’Europe. Nous sommes enthousiastes et confiants dans le potentiel de cette nouvelle aventure.

Nicolas Raulot
Nicolas Raulothttps://finascope.fr/
Nicolas Raulot est journaliste et fondateur du média financier Finascope.fr. Il compte 20 ans d’expérience de la presse. Ses articles ont été publiés dans des médias français (La Tribune, L’Agefi), belge (L’Echo), luxembourgeois (Paperjam) et suisse (Le Temps). Son parcours journalistique a commencé en France en 2000 à l’Agefi avant d’être poursuivi à La Tribune jusqu’en 2008. Il a ensuite exercé son métier au Luxembourg où il est devenu rédacteur en chef de Paperjam.lu. Nicolas Raulot a aussi travaillé dans le secteur financier comme courtier sur le marché monétaire et comme responsable éditorial et relations presse. Il est diplômé de l’Institut Supérieur de Gestion (ISG), du Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) et de l’Université de Luxembourg (Master in Wealth Management). Nicolas Raulot est l’auteur de On a vendu la Bourse (Editions Economica, 2007).

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