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Stéphanie Damgé : « Nous sommes là pour avancer ensemble »

Stéphanie Damgé, présidente de la FJD, vise digitalisation, durabilité et recrutement pour soutenir les entreprises luxembourgeoises.

Stéphanie Damgé, directrice de l’entrepreneuriat à la Chambre de commerce de Luxembourg a récemment été élue présidente de la Fédération des jeunes dirigeants (FJD). Dans cette interview, elle présente les priorités de son mandat d’un an. Elle souligne aussi les défis de recrutement et de mise en conformité auxquels sont confrontées les entreprises luxembourgeoises.

Stéphanie Damgé, vous venez d’être nommée présidente de la Fédération des jeunes dirigeants (FJD). Quelles sont vos responsabilités dans cette fonction ? 

Il est important de préciser que la présidence de la Fédération des jeunes dirigeants (FJD) est un engagement bénévole. Mon poste principal reste directrice de l’entrepreneuriat à la Chambre de commerce et à la House of Entrepreneurship. Je suis impliquée dans la FJD depuis dix ans, et chaque année la présidence change de main. J’ai repris le flambeau en octobre, en succédant à Carole Retter, la fondatrice et directrice de l’agence Moskito. La FJD rassemble aujourd’hui plus de 600 membres, des jeunes dirigeants, mais aussi des anciens qui restent membres de la fédération. L’idée est de créer un réseau de dirigeants d’entreprises, englobant tous les secteurs d’activités et toutes les tailles d’entreprises, afin de représenter pleinement le tissu économique luxembourgeois. Ce réseau rassemble des acteurs très variés, des entreprises artisanales, des commerces, des restaurateurs, des bureaux d’ingénieurs et d’architectes, des prestataires de services, ainsi que des entreprises des secteurs financiers, bancaires ou industriels. L’objectif consiste à encourager l’échange, le partage d’expériences, le networking et briser la solitude du dirigeant.

« La FJD rassemble aujourd’hui plus de 600 membres »

Comment fonctionne la FJD ? Qui sont ses membres ?

Nous ne communiquons pas l’identité de nos membres, qui sont des dirigeants et non pas les entreprises. Pour intégrer la fédération, il faut être parrainé par deux membres, ce qui permet une bonne intégration dès le début. Il faut avoir moins de 45 ans, occuper une fonction de dirigeant dans une entreprise établie, et gérer au moins 3 personnes.

Nous proposons deux événements par mois, dont des conférences, des visites d’entreprise, et des groupes de travail sur des sujets concrets comme la transmission d’entreprise et la gestion des talents. Chaque année, nous organisons aussi un voyage d’études. Cette année, par exemple, j’ai choisi Istanbul, pour explorer un environnement économique différent et contrasté. Nous cherchons toujours à rester dynamiques et créatifs. Nos événements se veulent à la fois instructifs et conviviaux : il est essentiel que nos membres puissent partager leurs expériences dans un cadre confidentiel. Nous avons aussi lancé des formats plus restreints, des « deep dives », où les membres partagent des retours d’expérience précis sur des thèmes comme la cybersécurité, l’innovation ou le management. Nous avons aussi lancé un podcast et un magazine interne, Victor, pour communiquer, partager des succès ou des défis.

Quels sont les thèmes que vous souhaitez aborder cette année au sein de la FJD ?

Nous avons choisi de travailler sur le thème « Naviguer dans un monde d’extrêmes ». En tant que jeunes dirigeants, nous faisons face à une incertitude inédite, entre crises géopolitiques et climatiques, enjeux de durabilité et évolutions rapides de la société.

Nous avons donc identifié trois grands sujets. Le premier est la digitalisation : il est crucial d’accompagner les entreprises dans leur transition numérique et d’intégrer des technologies comme l’intelligence artificielle, tout en les sensibilisant aux enjeux de la cybersécurité. Au Luxembourg, nous ne sommes pas encore assez productifs et compétitifs. Le second sujet est le développement durable, un domaine où les attentes des clients et des régulateurs européens sont croissantes. Pour les petites et moyennes entreprises, parfois confrontées à des difficultés de trésorerie, les contraintes de conformité et de reporting en matière de durabilité peuvent être coûteuses. Le dernier thème concerne la croissance et le recrutement : nous voulons réfléchir aux moyens de maintenir la compétitivité et l’attractivité du Luxembourg, car trouver des talents qualifiés reste un défi de taille.

Quelles sont les difficultés que rencontrent les entreprises au Luxembourg pour recruter ?

Le Luxembourg n’est plus aussi attractif qu’avant. Les jeunes générations, notamment, sont de plus en plus attentives à leur équilibre de vie et recherchent des employeurs engagés socialement. L’argument du salaire ne suffit plus. Le marché du travail a beaucoup changé. Les entreprises doivent s’adapter à ces nouvelles attentes, sans compter les nombreux autres défis financiers, comme l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, qui réduisent leurs marges.

« En tant que jeunes dirigeants, nous faisons face à une incertitude inédite »

Quel rôle la FJD peut-elle jouer dans l’allègement des contraintes des entreprises ?

Nous ne faisons pas de lobbying politique. La FJD est là pour écouter les dirigeants et les accompagner dans leurs problématiques quotidiennes. D’autres organisations comme les chambres professionnelles ou l’Union des entreprises luxembourgeoises ont un rôle de représentation auprès des institutions. Notre mission consiste davantage à favoriser le partage d’idées et d’expériences entre nos membres, leur apporter un soutien concret et favoriser le développement personnel de ces derniers. La Fédération est un réseau actif et solidaire. C’est vraiment cet esprit que je souhaite maintenir et renforcer : nous sommes là pour nous soutenir et avancer ensemble.

L’esprit d’entreprise progresse-t-il au Luxembourg ?

Selon Global Entrepreneurship Monitor, une étude récente réalisée par le Statec, le taux d’activité entrepreneurial atteint 9,7 % dans le pays, un chiffre au-dessus de la moyenne européenne (9,2%). Cependant, même si l’envie d’entreprendre est présente, les défis financiers et les coûts élevés peuvent freiner les ambitions. Les porteurs de projets sont souvent très enthousiastes à l’idée de se lancer, mais il leur manque parfois une vision claire à long terme. Par ailleurs, l’entrepreneur d’aujourd’hui doit faire face à de nombreux obstacles qui freinent souvent le développement de l’esprit entrepreneurial.

Comment s’articule la collaboration entre la FJD et d’autres organisations, comme Jonk Entrepreneuren ?

Chaque organisation a sa propre mission. Jonk Entrepreneuren, créée en 2005, travaille avec les écoles pour sensibiliser les jeunes de 9 à 25 ans à l’entrepreneuriat et leur montrer les opportunités professionnelles. Certains membres de la FJD ont d’ailleurs contribué à la fondation de Jonk Entrepreneuren. Aujourd’hui, des volontaires de la FJD interviennent dans les écoles pour partager leur expérience et inspirer les jeunes à envisager l’entrepreneuriat.

Nicolas Raulot
Nicolas Raulothttps://finascope.fr/
Nicolas Raulot est journaliste et fondateur du média financier Finascope.fr. Il compte 20 ans d’expérience de la presse. Ses articles ont été publiés dans des médias français (La Tribune, L’Agefi), belge (L’Echo), luxembourgeois (Paperjam) et suisse (Le Temps). Son parcours journalistique a commencé en France en 2000 à l’Agefi avant d’être poursuivi à La Tribune jusqu’en 2008. Il a ensuite exercé son métier au Luxembourg où il est devenu rédacteur en chef de Paperjam.lu. Nicolas Raulot a aussi travaillé dans le secteur financier comme courtier sur le marché monétaire et comme responsable éditorial et relations presse. Il est diplômé de l’Institut Supérieur de Gestion (ISG), du Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) et de l’Université de Luxembourg (Master in Wealth Management). Nicolas Raulot est l’auteur de On a vendu la Bourse (Editions Economica, 2007).

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